« Voyage aux régions du Delta » est une illustration paysagère de 2 mètres 30 x 1 mètre, réalisée en collaboration avec l’agence Luc Léotoing Paysage Urbanisme, à l’occasion de l’exposition « L’ARCHITECTURE EN TEMPS DE CRISE », dans le cadre de la programmation triennale « L’architecture est un artisanat », de l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Clermont-Ferrand (ENSACF)
En 2013, La Métropole Clermontoise et la ville de Clermont-Ferrand lancent une étude sur la vulnérabilité de leur territoire face au changement climatique à l’horizon 2050. Les conclusions montrent une hausse générale des températures en centre urbain avec d’importantes disparités entre la Faille de Limagne Chaîne des Puys et la Métropole. Présence d’îlots de chaleurs en ville, épisodes pluvieux forts et brefs avec la mise en charge des rivières, mortalité importante des essences végétales non adaptées à l’évolution rapide des conditions de vie des sols, de l’air.
Parmi les 11 actions à mener, l’action 9 «Valoriser les atouts du territoire face au changement climatique», a pour objectifs de renforcer le tourisme de fraîcheur dans les zones de montagne de l’agglomération pendant les périodes caniculaires et anticiper les hausses de fréquentation.
Le Réaménagement de la plage du lac d’Aydat, puis dans un second temps L’aménagement de la zone humide sont issus de cette action prioritaire, faisant de ce territoire un lieu d’accueil de la migration métropolitaine et touristique ; la chaîne des Puys devenant un territoire refuge face à la crise climatique et environnementale. »
« VOYAGE AUX REGIONS DU DELTA »
1/ Une soustraction positive:
La première action consiste retrouver la côte altimétrique originelle du Delta par l’excavation des remblais (16000 m3) en partie issus de l’ancienne carrière de Combegrasse. A travers un recyclage de la matière, le profil naturel du site d’extraction est reconstruit, créant le sol support pour le reboisement des pentes.
La nouvelle topographie est associée à trois dispositifs hydrauliques, une soustraction positive qui donne les conditions d’un écosystème.
- Les lagunes de décantation des boues piégeant les orthophosphates en amont
- Le Reméandrage de la Veyre, absorbant par son tracé les inondations à la sortie de l’hiver
- Le chevelu hydrique régulant progressivement la quantité d’eau entrant dans le lac qui se distingue par l’alternance de hauts-fonds et de sur-profondeurs, définissant une zone humide semi-naturelle et une zone humide libre
2/ La reconstitution de milieux
A partir de ces nouveaux sols immergés ou au dessus du niveau topographique de référence, des écosystèmes sont installés; répondant à différents degrés d’humidité, de substrats, de conditions d’ensoleillement. Au total, 16 000 végétaux typiques des milieux rivulaires (Hélophytes/Hydrophytes/Arbres/Arbustes) définissent un ensemble complexe fabriquant autant d’habitats pour la faune; poissons, mammifères dont la loutre, oiseaux nicheurs, migrateurs ou hivernants, amphibiens, Reptiles, Lépidoptères, odonates.
3/ Parcours immersif et veille scientifique
La création du nouveau delta est aussi l’occasion de résoudre des problématiques à l’échelle du lac par la mise en œuvre du parcours du «Tour du lac» et la liaison quotidienne entre le village et la base nautique. Un ponton de 230 ml en pieux battus traverse les différents milieux selon 3 séquences de paysage.
La Séquence Nord où le paysage s’ouvre et longe un mouvement topographique orienté au Sud. Ce modelé de sol recouvert d’une prairie naturelle offre au visiteur une vue panoramique sur la Zone humide; La séquence centrale qui permet de s’immerger dans l’épaisseur du vivant; La séquence Sud à travers l’observatoire de la faune sauvage.
Enfin, un suivi scientifique explore les dynamiques de reconquête de ce nouveau milieu et l’augmentation de la biodiversité, mesure l’efficacité technique de l’ouvrage concernant l’eutrophisation, régule la surfréquentation du site en proposant des «territoires de décompressions» de proximité.
Dix ans après la création du projet, les derniers relevés montrent une diminution faible mais régulière de l’eutrophisation, une quantité de cyanobactérie mesurée qui ne contraint pas la baignade, une augmentation forte de la biodiversité, une meilleure régulation des crues.
Textes : Luc Léotoing
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